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Fraude contractuelle sur l'importation de panneaux solaires chinois au Maroc

Un contrat majeur, signé entre le ministère de la Transition énergétique et une société chinoise spécialisée dans les modules photovoltaïques, se retrouve au cœur d'une polémique nationale. S'inscrivant dans le cadre de la "Stratégie nationale de la transition énergétique" et doté d'un budget de plusieurs centaines de millions de dirhams, cet accord fait l'objet de graves soupçons de surévaluation des coûts et de non-conformité, des préoccupations soulevées par l'Observatoire marocain de protection du consommateur (OMPC) et Younes Maâmar, ancien directeur général de l’Office national de l’électricité (ONE).

L'OMPC dénonce avec fermeté un gaspillage considérable des deniers publics lié à ce marché, tandis que Younes Maâmar alerte sur une fraude présumée de grande ampleur. Selon l'ancien dirigeant de l'ONE, les panneaux solaires importés, dont la puissance est affichée sur les fiches techniques et documents officiels, délivreraient en réalité une capacité inférieure de 25% à celle annoncée.

Contacté, Hassan Aït Ali, président de l'OMPC, a qualifié ces dérives de "particulièrement inquiétantes", pointant des problématiques multiples : financières, qualitatives, institutionnelles, sociales et stratégiques. Il a évoqué de "graves soupçons de surévaluation des coûts d’acquisition" qui pourraient se traduire par un gaspillage se chiffrant en milliards de centimes de deniers publics. Par ailleurs, il a signalé que "certains lots importés ne répondent même pas aux standards internationaux de durabilité et d’efficacité énergétique", compromettant ainsi la rentabilité escomptée des projets solaires.

Hassan Aït Ali a également critiqué "l’opacité qui a entouré la passation de ce marché", une situation qu'il juge contraire aux principes de transparence et de bonne gouvernance promus par le pays. Il a mis en garde contre les risques de ces dysfonctionnements, qui "fragilisent la confiance des citoyens dans les politiques publiques" et nuisent à l'image du Maroc en tant qu'acteur de l'économie verte sur la scène internationale.

Face à ces révélations, l’Observatoire exhorte à un "audit indépendant, exhaustif et transparent de ce contrat", exigeant un examen minutieux des conditions d’attribution, des prix appliqués et de la qualité des équipements livrés. L’OMPC plaide également pour "encourager davantage la production locale de panneaux solaires via des partenariats public-privé", afin de diminuer la dépendance vis-à-vis des fournisseurs étrangers et de sécuriser la chaîne d'approvisionnement.

Reprenant son appel lancé sur LinkedIn aux autorités, Younes Maâmar a fourni des chiffres précis pour étayer ses allégations de fraude. Il estime que sur les 1 000 mégawatts de panneaux solaires importés de Chine par le Maroc entre juillet 2024 et juin 2025, près de 250 mégawatts n'auraient pas été effectivement livrés en termes de capacité réelle. Cette "capacité fantôme" représenterait un manque à gagner annuel supérieur à 400 millions de dirhams pour l'État.

L’ancien directeur de l’ONE met directement en cause les fabricants chinois et les distributeurs marocains, les accusant d’être complices d’une "fraude organisée". Il souligne que cette situation préjudiciable pénalise non seulement les consommateurs, mais aussi l’État, notamment dans le cadre des marchés publics, et met en lumière l'absence flagrante de dispositifs de contrôle et de reddition de comptes efficaces.

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