La récente séquence de manifestations juvéniles a démontré une délicate alchimie : la liberté d'expression de la jeunesse a pu s'exercer pleinement, tandis que les autorités se sont employées à garantir l'ordre public, n'intervenant que pour réprimer les débordements. Cette approche équilibrée a efficacement endigué toute tentative d'escalade. Entre des instants de fraternisation et une vigilance constante, le climat politique du pays s'oriente vers un apaisement, bien que les défis à venir demeurent considérables.
En effet, pour la deuxième nuit consécutive ce vendredi soir, les rassemblements de jeunes se sont déroulés dans le calme et la bonne humeur, conformément aux vœux des initiateurs du premier appel. Toute forme de violence ou de vandalisme, souvent le fait d'éléments extérieurs, a été fermement écartée, un point sur lequel une unanimité se dégage clairement. Cette sérénité retrouvée contraste avec les craintes suscitées par les actes violents survenus les nuits précédentes, souvent attribués à des mineurs.
Le ministère de l'Intérieur a d'ailleurs précisé jeudi que 70% des participants aux débordements violents étaient des mineurs. Plusieurs dizaines de ces casseurs ont été déférés devant les tribunaux, notamment dans la région d'Agadir, tandis qu'une vigilance accrue des parents a été notablement observée. En signe de ce retour à la normalité, la Bourse a clôturé la semaine en hausse vendredi, le MASI frôlant à nouveau les 19 000 points.
Si certains, mercredi et jeudi, appelaient à une plus grande fermeté sécuritaire, les autorités ont finalement, comme il se doit pour tout État de droit, maintenu la liberté d'expression tout en réprimant les actes de violence et de vandalisme. Plusieurs scènes filmées vendredi ont même témoigné d'une fraternisation entre les forces de l'ordre et les manifestants, soulignant un dialogue latent.
Malgré l'anonymat de ses initiateurs et l'absence de formalités juridiques, le mouvement a indubitablement acquis sa légitimité. Son caractère pacifique, l'ampleur de la participation et l'unanimité des revendications ont suffi à lui conférer une reconnaissance, même les réponses gouvernementales, bien que parfois vagues, étant interprétées comme une admission de son existence.
L'avenir, naturellement incertain, laisse entrevoir plusieurs pistes et étapes cruciales. Le gouvernement sort de cette période considérablement affaibli et une autocritique sincère est attendue de sa part. L'allocution royale traditionnelle, marquant l'ouverture de la session parlementaire d'automne le 10 octobre prochain, est guettée avec une attention particulière. Concernant les élections législatives de 2026, si leur maintien est acquis, leur calendrier exact (septembre, juin, ou plus tôt ?) reste à définir. Quoi qu'il en soit, l'électrochoc provoqué par cette jeunesse avisée et déterminée devrait imposer l'émergence de nouvelles figures politiques.
Par ailleurs, le Maroc se prépare à des échéances nationales et internationales majeures : le Conseil de sécurité fin octobre, avec l'espoir d'ouvrir une nouvelle page concernant le Sahara ; la célébration des 50 ans de la Marche Verte le 6 novembre prochain ; et l'organisation de la Coupe d'Afrique. Sur le plan économique, le pays affiche une très belle année de croissance, avec environ +5,1% au premier semestre et probablement un minimum de 5% au troisième trimestre. Si l'apaisement actuel se maintient, le taux de croissance annuel devrait avoisiner les 5%, une performance honorable et indispensable pour le pays.
Il convient enfin de souligner une occasion manquée durant le mandat gouvernemental actuel : l'application du Nouveau Modèle de Développement, pourtant porteur de réponses concrètes à la situation que le Maroc connaît aujourd'hui, n'a pas été pleinement mise en œuvre, à l'exception notable de la réforme de l'éducation.