Les manifestations initiées par le mouvement GenZ212 ont connu, dans la nuit de mercredi à jeudi, une nette escalade, basculant de leur cadre pacifique revendiqué initialement vers des actes de violence et de vandalisme généralisés. Cette détérioration marque le cinquième jour consécutif de protestations.
Ce mercredi, les incidents se sont multipliés et étendus à un nombre de villes bien supérieur aux treize localités où le mouvement avait initialement appelé à se rassembler. Des grandes métropoles aux centres urbains, des villes comme Casablanca, Tanger, Meknès, Marrakech, Taroudant, El Kelâa des Sraghna, Rabat, Béni Mellal, Guercif, Fès, Tinjedad, Sidi-Bibi et Ben Guerir, entre autres, ont été touchées par ces troubles.
Cette spirale de violence n'était pas inédite, une première vague ayant déjà été observée la nuit précédente, entraînant des actes de vandalisme et des poursuites judiciaires contre 193 personnes. La nuit du mercredi 1er octobre a vu ces débordements se reproduire, la seule variation étant l'étendue géographique des troubles, les manifestations ayant échappé à tout contrôle.
Dans plusieurs localités, notamment Meknès, Tanger, Kénitra, Taroudant, Sidi-Bibi et Ben Guerir, des jeunes, certains cagoulés, ont directement affronté les forces de l'ordre, d'abord par des jets de pierres, puis par des charges violentes. Les incidents les plus graves ont été rapportés à Salé, Lqliâa et Sidi Bibi, ces deux derniers centres urbains étant situés au sud d'Agadir.
À Salé, des casseurs ont semé la destruction, incendiant une agence bancaire et dispersant ses documents, renversant et parfois incendiant plusieurs véhicules des forces de l'ordre, et pénétrant même dans un supermarché. Face à cette situation, les forces de l'ordre ont dû faire appel à des renforts et recourir à l'utilisation de canons à eau.
Un événement dramatique a eu lieu à Lqliâa, dans la province d'Inezgane-Aït Melloul, où un groupe de contestataires a attaqué et tenté d'investir le centre de la Gendarmerie royale. Cette agression, visant à s'emparer de munitions, de matériel et d'armes de service, a malheureusement entraîné la mort de deux assaillants, touchés par des tirs de légitime défense. D'autres individus participant à l'attaque ont également été blessés.
Le vandalisme par le feu a également marqué la nuit. À Taroudant, après des affrontements avec les forces de l'ordre, certains manifestants ont mis le feu au siège de la préfecture. Un incident similaire s'est produit à Sidi-Bibi, au sud d'Agadir, où le siège de la commune a été incendié par des participants aux manifestations.
À Marrakech, dans le quartier de Sidi Youssef Ben Ali, des échanges de jets de pierres ont opposé des contestataires aux forces de l'ordre, qui ont finalement réussi à rétablir l'ordre. Des situations comparables ont été enregistrées à Témara, El Kelâa des Sraghna et Meknès, entre autres, donnant lieu à des interpellations et des blessés.
Face à l'ampleur de ces actes, un responsable de la présidence du ministère public a affirmé, au milieu de la nuit, que les parquets de l'ensemble des tribunaux du Royaume interviendraient avec la plus grande fermeté et rigueur pour traiter les faits de sabotage, d'incendie volontaire et de violence. Ces instances présenteront des réquisitoires devant les tribunaux afin de solliciter des peines exemplaires à l'encontre des auteurs de ces troubles. Il a été rappelé que de tels actes sont passibles de peines pouvant atteindre vingt (20) ans de prison, et qu'en présence de circonstances aggravantes, la sanction pourrait aller jusqu'à la réclusion criminelle à perpétuité.
Dans ce contexte tendu, le mouvement GenZ212 a diffusé, vers 22h30 ce mercredi, un communiqué sur Discord invitant sa communauté à débattre de la proposition de dialogue émanant du gouvernement.
Toutes les localités n'ont cependant pas été le théâtre de ces débordements. À Casablanca, plus précisément à Sidi Bernoussi, les manifestations se sont déroulées dans un climat pacifique, sans aucun acte de violence. La ville d'Agadir a également connu des rassemblements tranquilles, tandis qu'aucun rassemblement n'a été constaté à Inezgane par le reporter présent sur place.